Bore-out ou quand le travail vous ennuie

12 Oct ‘22
4 min
Efficacité au travail
Quête de sens
Lisanne van Marrewijk
Relu par: psychologue Judith Klenter
illustratie van iemand die zich verveelt op wekrk
Vous l’avez sans doute déjà expérimenté : lorsque quelqu’un nous demande comment nous allons, nous lui répondons souvent que nous sommes “occupé·e”.  Ce qui est généralement vrai ! Nous sommes pris par le travail, par des activités sociales mais aussi par notre propre personne. Et si, par contre, la vie ne nous stimule pas assez et nous ennuie ?

 

Vous en entendrez sans doute moins parler spontanément (car au final, être occupé·e, c’est bien, non ?)… Et pourtant, ce type de phénomène, appelé le bore-out, peut avoir le même effet qu’un burn-out.

 

De quoi parle-t-on exactement ? Comment le  reconnaître et, surtout, comment éviter qu’il nous impacte et affecte notre niveau d’énergie positive ?

 

Bore-out vs burn-out

 

De plus en plus d’entreprises s’efforcent de garantir à leurs collaborateurs le meilleur équilibre possible entre vie professionnelle et vie privée. Objectif : éviter le surmenage. Une (très) bonne chose évidemment puisque fin 2021, 2,55 millions de Français étaient touchés par un burn-out sévère. 

 

Si on a coutume de dire que “trop est l’ennemi du bien”, le “trop peu” n’est pas forcément idéal non plus. Tout est toujours une question de juste équilibre, de balance. Si vous vous ennuyez religieusement au travail, s’il ne vous met pas suffisamment au défi, les conséquences peuvent être aussi fortes que dans le cas d’un burn-out

 

“Vous vous sentez alors stressé·e, irritable et agité·e. Vous êtes peu concentré·e, vous avez du mal à dormir et vous remettez les choses à plus tard parce que vous n’avez pas envie de les faire”, explique la psychologue Judith Klenter. “Nous appelons cela un bore-out.” 

 

“Il est causé par un manque de tâches qualitativement et quantitativement stimulantes et va également de pair avec les défis physiques”, poursuit Judith.

 

La meilleure façon de le décrire ? “L’ennui chronique”, appuie Lotta Harju, professeur adjoint français.

 

Pourquoi s’ennuie-t-on ?

 

Alors, posons-nous la question tout simplement : d’où vient cet ennui ? Comme dans le cas du burn-out, une combinaison de facteurs y contribue.La principale raison est un sentiment d’insignifiance. Le sentiment que votre travail est sans importance, qu’il n’a pas de but ou de sens. Ou ne contribue pas à vos objectifs personnels”, explique Judith.


“Cela se produit souvent chez les personnes qui font un travail routinier”
, poursuit la psychologue. “Vos connaissances et compétences ne sont peut-être pas suffisamment mises au défi ou alors, vos tâches ne vous stimulent pas assez. Le travail devient alors ennuyeux et monotone.”


Difficile alors d’entrer dans
un flux productif, qui soit source de satisfaction et de bonheur.

 

Et donc ?

 

Alors que le burnout vous pousse à la surchauffe, l’ennui, en revanche, n’en demande pas assez à votre cerveau. 

 

“Même si vous avez l’énergie nécessaire pour effectuer une tâche, vous ne ressentez pas la stimulation, la concentration et la motivation que vous souhaitez ressentir à ce moment-là”, ajoute Judith Klenter. Ce qui affecte évidemment votre santé mentale et votre confiance en vous.

 

Aussi fou que cela puisse paraître au premier abord, l’ennui peut conduire au stress et impacter nos émotions, nos performances professionnelles et la qualité de notre travail. 

 

Nos conseils pour y remédier

 

Si votre travail est subitement devenu moins stimulant, vous ne devez pas vous en contenter pour la cause, bien sûr. Les trois conseils ci-dessous vous aideront à combattre l’ennui et la lassitude. Agissez en…

 

… vous exprimant

 

 

Parler de vos sentiments et de vos pensées soulage, c’est clair ! Cela vous donne des idées et points de vue auxquels vous n’aviez pas pensés, cela permet aussi aux autres de savoir ce que vous ressentez et vivez au quotidien. 

 

Si vous parlez ouvertement de vos sentiments et de vos difficultés, les autres peuvent vous aider à trouver une solution, par exemple en réorganisant vos tâches ou en donnant plus de sens à votre travail.

 

… apprenant quelque chose de nouveau

 

 

L’apprentissage renforce votre confiance en vous et vous donne le sentiment d’avoir un objectif. Tout ce dont vous avez besoin en cas d’ennui ou de baisse de régime. Des exemples ? Suivez un cours en ligne sur un sujet que vous avez toujours voulu faire ou apprendre, apprenez une nouvelle langue ou essayez un nouveau sport. 

 

“Faire quelque chose de nouveau est bon pour notre bien-être mental. Il stimule nos niveaux de dopamine et donne un sentiment d’accomplissement, dit Judith

 

L’idée vous plait ou, au contraire, vous manquez d’énergie pour apprendre ? “Faites en sorte que l’étape soit aussi courte et simple que possible”, poursuit Judith Klenter. “Notez les étapes que vous franchissez et rappelez-vous que, par-dessus tout, vous voulez faire quelque chose qui vous procure du plaisir.”

 

… sortant de votre zone de confort

 

 

Se lancer des défis n’est bien entendu pas facile pour tout le monde. Il reste malgré tout important de générer un sentiment de stress positif et d’excitation dans votre vie.

 

Essayez donc de trouver des défis qui vous donnent un bon coup de fouet et qui sont en même temps réalisables. Qui ne vous mettront pas de pression inutile.

 

Qu’il s’agisse d’un projet privé ou professionnel. Au travail, n’hésitez pas à solliciter votre responsable pour trouver des tâches qui vous stimuleront davantage et rééquilibreront votre niveau d’énergie positive. 

 

Un bateau au port est en sécurité mais…

 

Bien sûr, il est parfaitement normal de connaître des jours ou des périodes “sans”, avec moins de motivation et d’énergie.

 

Reste à bien les gérer pour que cela n’affecte pas votre bien-être mental. C’est le cas ? Alors parlez-en sans attendre (avec des amis, au travail ou avec un·e professionnel·le) pour rapidement retrouver l’équilibre. 

 

Car comme le théologien américain William Shedd le disait : “Un bateau dans un port est en sécurité… mais ce n’est pas pour cela qu’il a été construit.”