Ce que l’éco-anxiété fait à votre bien-être… et comment y remédier

5 Oct ‘22
5 min
Stress et anxiété
Nicolas Maréchal
eco-anxiety
Les changements climatiques et la dégradation progressive de la planète peuvent aujourd’hui causer angoisse et inquiétude. Un mal-être contemporain qui porte un nom : l’éco-anxiété. On vous décrypte le phénomène avec quelques conseils à l’appui pour y faire face et transformer votre stress de manière positive.

 

Canicules, froid polaire, fonte des glaces, tempêtes, inondations, pollution intense, perte de biodiversité, … Que ce soit dans les médias traditionnels ou sur les réseaux sociaux par exemple, le message est identique : notre planète ne semble pas au mieux de sa forme. De quoi générer du stress et troubler votre santé mentale ? Pas de panique, vous n’êtes pas seul·e à vous inquiéter pour la planète.

 

Depuis plusieurs années, ce sentiment porte d’ailleurs un nom : l’éco-anxiété. Une contraction d’écologie et d’anxiété. L’Association américaine de psychologie (APA) la décrit même comme étant “la peur chronique d’un cataclysme environnemental”.

 

En France, cette notion d’éco-anxiété est aussi connue et répandue. Elle est apparue dans la presse écrite il y a peu, en 2019 (contrairement aux Etats-Unis où le terme a été mentionné pour la première fois il y a plus de 30 ans, dans un article du Washington Post), au moment où l’Hexagone subissait deux vagues de chaleur exceptionnelles. Elle est également désormais très présente dans le débat politique. Les récents rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) n’y sont évidemment pas étrangers. 

 

Un impact sur le bien-être

 

La jeune génération serait la plus préoccupée par le changement climatique. Comme le révèle une étude de 2021 conduite auprès de 10.000 jeunes de 16 à 25 ans et issus de dix pays différents, 45% des jeunes sondés jugent de fait “le futur effrayant” et se sentent quotidiennement affectés par l’éco-anxiété. Une autre récente étude, menée par Harris Interactive, montrait quant à elle qu’un Français sur deux, plus particulièrement les 20-30 ans, s’inquiétait de l’avenir de la planète.

 

“L’éco-anxiété peut avoir un impact sur notre bien-être de plusieurs façons”, commente Soesja Vogels, psychologue chez OpenUp. “Elle peut, par exemple, influencer la qualité de notre sommeil, notre humeur ou encore avoir des conséquences sur nos relations car tout le monde ne partage pas les mêmes inquiétudes sur le sujet.”

 

Et lorsque l’anxiété vous gagne, vous vous mettez souvent en mode action et cherchez une solution, avec l’intention de récupérer un peu de contrôle pour améliorer la situation. ‘’Ce qui est difficile à réaliser dans un contexte de dérèglement climatique. Or, si vous ne parvenez pas à résoudre le problème que vous rencontrez, vous pouvez ressentir d’autant plus de stress et d’anxiété mais aussi un sentiment d’échec.”

 

Selon Alice Desbiolles, médecin de santé publique, l’éco-anxiété peut toucher n’importe qui et aller encore plus loin en débouchant sur un “un panel d’émotions qui va de la tristesse à la colère en passant par le sentiment d’impuissance ou encore la culpabilité, au-delà de la seule inquiétude ou de la peur.

 

Comment gérer l’éco-anxiété ?

 

L’actualité environnementale vous inquiète ? Un certain fatalisme vous gagne et vous peinez à calmer votre angoisse ? L’application de ces quatre principes peut vous aider à voir le monde sous un regard nouveau :  

 

1. Ne pas sous-estimer ses émotions

 

Vouloir changer ou minimiser vos émotions n’est certainement pas la voie à suivre. Ici, il s’agit plutôt d’apprivoiser petit à petit le stress qu’elles peuvent vous causer pour les rendre plus tolérables. Déjà entendu parler des techniques de mindfulness (ou pleine conscience) ? Très utiles en cas d’anxiété ou de dépression, elles vous aideront à accepter ce que vous ressentez. La pleine conscience vous rend plus résistant·e mentalement et vous permet de mieux contrôler vos émotions.  

 

2. Se connecter aux personnes qui partagent les mêmes préoccupations

 

Des émotions et préoccupations différentes peuvent parfois conduire à de l’incompréhension. Y compris avec des proches. Pourquoi dès lors ne pas partager vos craintes avec des personnes qui sont elles aussi concernées par la santé de la planète ? Ne restez pas seul·e ! Rompre l’isolement, partager vos inquiétudes et vous sentir compris·e vous placera déjà sur la voie du mieux-être.

 

3. Rester au contact de la nature

 

Vous oxygéner, tout simplement, peut avoir un effet thérapeutique. Des recherches l’ont prouvé. Balade dans la nature (sans smartphone), méditation au grand air, jardinage, … Le choix est vaste ! L’essentiel est d’être connecté·e à ce qui vous touche : la nature. 

 

4. Passer à l’action

 

L’anxiété est donc souvent liée à de l’incertitude, à une perte de contrôle. Mais elle peut aussi vous donner la motivation pour passer à l’action et faire quelque chose de concret. Là aussi, les options sont nombreuses : soutenir une association environnementale, adopter une attitude globalement éco-responsable en consommant différemment (ex : ne plus acheter de plastique au supermarché, manger local et de saison, …), privilégier la mobilité douce, … Même si vos actions semblent modestes, en contribuant concrètement au changement, vous minimisez le sentiment d’impuissance qui alimente l’éco-anxiété. 

 

Positive attitude

 

Un fait remarquable (et peut-être paradoxal) pour terminer : l’éco-anxiété peut également engendrer des sentiments positifs. Directement. Comme le besoin d’agir immédiatement, la détermination, la fierté d’adopter une attitude pro-environnementale, … Elle vous pousse à faire mieux, à contribuer à un monde meilleur.

 

“Transformez votre stress en quelque chose de positif. Soyez conscient·e de ce que vous pouvez contrôler et travaillez là-dessus. Le fait de sentir que vous apportez une contribution positive, quelle que soit la manière, est motivant et énergisant”, conclut Soesja.

 

Alors, quel pas – petit ou grand – allez-vous faire aujourd’hui ? Et n’oubliez pas : en cas de besoin, vous pouvez toujours faire appel à un·e psychologue qui vous guidera sur la voie du bien-être mental.