Comment avoir une conversation difficile avec quelqu’un

31 Aug ‘22
5 min
Efficacité au travail
Par la rédaction d'OpenUp
illustratie van twee mensen die een moeilijk gesprek voeren
Quel que soit votre point de vue sur le sujet à aborder ou votre degré de préparation, les conversations épineuses sont toujours un peu gênantes. Et c’est tout à fait normal. Après tout, nous sommes tous humains, avec tout ce que cela implique en matière de sentiments et de nervosité. Néanmoins, il est possible de se perfectionner dans l’art de la discussion, et de minimiser ainsi la sensation désagréable liée à ce genre d’échange.

 

La psychologue Emma White vous explique d’où viennent les obstacles et vous propose quelques conseils pour aborder sereinement une conversation difficile.

 

Avoir une conversation difficile vous rend vulnérable

 

« Ce qui est déstabilisant, c’est que vous vous rendez vulnérable », explique Emma White, psychologue chez OpenUp. « Vous exprimez ce que vous éprouvez ou ce qu’une autre personne vous fait ressentir. Cela peut être perçu comme un risque, par exemple celui d’être blessé ou rejeté. »

 

En tant qu’êtres humains, nous aimons profiter d’un sentiment d’appartenance et maintenir la bonne paix au sein du groupe. Comme Emma nous le dit : « Avoir une conversation difficile est périlleux, car cela fragilise la cohésion sociale. Mais sachez que cette cohésion est souvent déjà perturbée avant même que ne débute le dialogue. Parce que quelque chose ne va pas entre vous et l’autre personne, qu’elle s’en rende compte ou non. »

 

Le silence ne fait qu’empirer les choses

 

Lorsqu’il s’agit de questions qui nous tiennent à cœur, il est important que nous ne restions pas silencieux. On dit que le silence est d’or, mais se taire ne représente pas toujours la meilleure solution. Les choses que nous n’exprimons pas sont souvent très révélatrices. Quelque chose flotte alors dans l’air, une bombe qui peut éclater à tout moment.

 

Emma ajoute : « En fait, le fait de ne pas évoquer vos préoccupations entraîne généralement plus de problèmes que de le faire. Comme le montre Brené Brown (en) dans ses recherches révolutionnaires, faire preuve de vulnérabilité demande du courage et est essentiel pour mener une vie heureuse. Si nous n’avons pas l’audace de tenir des conversations délicates, nous resterons bloqués. Nos besoins et nos limites ne seront probablement pas respectés. »

 

Comment gérer la peur d’une conversation difficile ?

 

Ce sera toujours tendu. Néanmoins, vous pouvez apprendre à mieux maîtriser la crainte d’une discussion corsée. « Essayez de prendre conscience de ce que vous ressentez, de ce que vous pensez et de la façon dont vous vous comportez, suggère Emma. Reconnaissez que c’est normal d’être troublé et que vos réflexions sont souvent une réaction par défaut face à des circonstances intenses. En observant et en ressentant consciemment votre nervosité, vous aurez davantage de contrôle sur la situation et vous verrez que la tension diminuera. »

 

Remettre vos pensées en question peut aussi être un bon moyen de maîtriser le cours des choses. Réfléchissez ainsi : « De quoi ai-je vraiment peur ? », « Quelle est la pire conséquence qui puisse apparaître ? » et « Quelle est la probabilité réelle que cela se produise ? »

 

« Il peut être utile d’écrire tout ce qui vous vient à l’esprit juste avant l’entretien, indique Emma. Ce faisant, vous déplacez littéralement vos pensées de votre tête vers le papier et créez plus d’espace pour entrer dans la conversation avec concentration et attention. »

Un autre conseil précieux consiste à mettre l’accent sur le bénéfice que la discussion peut vous apporter, plutôt que sur ce qui peut mal tourner. « Nous nous concentrons souvent sur la tension que nous ressentons, précise la psychologue, alors qu’il pourrait être plus constructif de penser aux résultats positifs d’une telle conversation. »

 

5 conseils pour mener une conversation difficile

 

Comment se préparer au mieux à une discussion délicate ? Que pouvez-vous faire concrètement ? Emma partage ses conseils.

 

1. Soyez clair avec vous-même. Que ressentez-vous ? Que voulez-vous ? Quel est votre rôle ?

 

Quand vous vous préparez à une conversation difficile, vous devez d’abord vous faire une idée précise de ce que vous ressentez et de ce que vous désirez obtenir de cet échange. Questionnez-vous également sur votre rôle, car lorsqu’un conflit émerge entre deux personnes, la charge est partagée.

 

En réfléchissant à cela, vous pouvez apprendre beaucoup. Souhaiteriez-vous vous comporter différemment la prochaine fois ? Lorsque vous assumez vos responsabilités, vous motivez les autres à en faire autant.

 

N’est-il pas merveilleux de voir les deux parties se rendre compte du rôle qu’elles ont joué et examiner ensemble comment agir autrement ? Il faut être deux pour danser le tango et se rejeter la faute mutuellement ne mène nulle part.

 

2. Envisagez la situation du point de vue de l’autre personne

 

Gardez l’esprit ouvert. Abordez cette conversation en partant du principe que votre interlocuteur – tout comme vous – est animé des meilleures intentions. Soyez compréhensif et mettez-vous à la place de l’autre. D’où vient cette personne ? Quel est son objectif ? Souvent, nous ne voulons pas blesser nos semblables, franchir leurs limites ou agir de manière inappropriée. Cela s’applique à vous, et aussi à l’autre.

 

Cependant, il n’est pas toujours possible de voir la situation sous un angle différent immédiatement. Ce n’est pas grave. Demandez-vous comment vous mettre dans un état d’esprit qui vous permette de faire abstraction de vos propres pensées pendant un moment ; comment vous intéresser à l’histoire de l’autre personne.

 

3. Écoutez d’abord, puis cherchez une solution

 

Vous pouvez entamer une conversation en ayant déjà la solution en tête. Cela peut toutefois générer une vision étriquée et vous rendre moins ouvert au point de vue de l’autre. Essayez d’abord de vous écouter mutuellement et de comprendre ce que l’autre personne souhaite exprimer et où elle veut en venir.

 

Faites attention non seulement aux paroles de votre interlocuteur, mais aussi à la manière de les prononcer, par le biais du langage corporel, de l’expression du visage, du contact visuel, de l’accentuation de certains termes, etc. Cela s’avère souvent plus révélateur que les mots eux-mêmes.

 

Posez beaucoup de questions. Cela montre un intérêt réel et une volonté de comprendre l’autre. Trouvez-vous cela difficile ? Imaginez alors que vous votre but est de résumer l’histoire de la personne qui vous fait face. Cela permet d’améliorer l’attention et de mieux écouter ce que l’autre a à dire.

 

4. Prenez soin de vous avant, pendant et après l’entretien

 

Lorsque vous avez des conversations difficiles, veillez également à prendre soin de vous. Accordez-vous suffisamment d’espace avant la réunion. En bougeant, en buvant un grand verre d’eau, en écrivant, en prenant l’air ou en effectuant un exercice de respiration. Ainsi, vous pourrez entrer dans la conversation avec un esprit frais et ouvert. Vous pourrez également mieux vous concentrer.

 

Toutes sortes d’émotions peuvent surgir au cours de la discussion. C’est parfaitement normal. Rappelez-vous : leur donner la place qu’elles réclament est primordial. C’est aussi valable pour vous que pour l’autre personne.

 

Si vous ressentez le besoin de vous recentrer, faites-le savoir. Prenez un verre ou sortez de la conversation. Il est parfois préférable de se laisser le temps de réfléchir à la façon dont on veut réagir, plutôt que de dire sous le coup de l’émotion des choses que l’on regrettera par la suite.

 

Après la discussion, vous pouvez analyser son déroulement et vous demander quels apprentissages vous en avez tirés. Quels ont été les éléments positifs ? Que pourriez-vous améliorer ? Si nécessaire, prévoyez un suivi de la conversation afin de voir comment les choses se sont passées depuis votre interaction et comment vous voulez procéder pour la suite.

 

5. Trouvez une solution ensemble

 

Essayez de maintenir en permanence un état d’esprit qui clame « ensemble, nous voulons résoudre ce problème ». Écoutez la perspective de l’autre, faites preuve de bienveillance et cherchez de concert des idées et des solutions. Qui sait, vous pourriez vous inspirer mutuellement pour trouver un arrangement encore meilleur que celui que vous aviez imaginé au départ. Ensemble, vous pouvez accomplir davantage.

 

Besoin d’aide pour gérer une conversation ?

 

Avoir une discussion difficile peut s’avérer intense. Et c’est logique. Il peut être constructif d’en parler ou de s’exercer avec un proche. Vous pouvez demander ce service à un bon ami ou à un collègue, ou décider de prendre rendez-vous avec un de nos psychologues.