Quelles sont les raisons de cette tendance commune ? Et de quelle manière pouvons-nous lâcher prise lorsque nous sommes trop durs envers nous-mêmes ? La psychologue Eva Rüger nous prodigue cinq conseils essentiels pour gérer la pression auto-induite.
Le déclencheur de l’auto-pression
Le monde ne nous ménage pas. Les exigences, les devoirs et les responsabilités font partie du quotidien. Il est donc habituel de vivre des moments de stress et de frustration en raison de nos propres attentes.
Le doute de soi, l’incertitude et le manque de confiance sont tous des sous-produits de notre ennemi intérieur. Cela nous amène à fixer des exigences élevées pour nous-mêmes et à exiger des résultats irréprochables, ce que nous n’exigerions pourtant jamais de quelqu’un d’autre. Complexe, n’est-ce pas ?
« Être beaucoup plus strict avec soi-même qu’avec les autres est une tendance humaine », explique Eva. « Que diriez-vous à un ami qui a commis une erreur ou qui est affecté par des commentaires négatifs ? Vous le réconforteriez probablement et lui rappelleriez ses qualités. Vous diriez-vous la même chose à vous-même ? »
Être strict avec soi-même est parfaitement logique du point de vue de l’évolution : dans l’antiquité, nous devions être appréciés par notre groupe pour survivre, et nous faisions donc tout pour nous intégrer. De nos jours, lorsque nous nous comparons aux autres (par exemple au travail), nous voulons toujours être appréciés et éviter les erreurs pour conserver notre emploi et progresser dans notre carrière.
L’un des problèmes, selon Eva, est que nous prenons rarement le temps de mettre les choses en perspective. Réfléchissez : Est-ce vraiment si terrible si nous ne nous entendons pas avec tout le monde ou si nous commettons des erreurs ?
Voyez les choses sous un autre angle
Bien que le fait de s’efforcer de donner le meilleur de soi puisse être une excellente source de motivation, si vous vous imposez constamment des exigences élevées, cela ne peut être bénéfique pour votre santé mentale et physique.
Et, sans nul doute, apprendre à se mettre moins de pression n’est pas chose facile, surtout si vous êtes perfectionniste.
Heureusement, notre esprit est un outil puissant et trouve toujours des solutions efficaces. Vous trouverez ci-dessous cinq conseils essentiels pour gérer l’auto-pression et devenir votre meilleur allié.
1. Reconnaissez vos exigences
La première étape pour réduire l’auto-pression consiste à identifier les règles strictes et les exigences élevées que nous nous sommes fixées. Pour éviter l’auto-critique lorsque nous ne sommes pas à la hauteur de nos attentes, il est judicieux de comprendre d’où elles viennent.
« Il se peut que, dès notre plus jeune âge, nous ayons développé des croyances ou règles pour nous protéger des expériences négatives (par exemple, « Je dois toujours avoir une apparence irréprochable pour être apprécié(e) et ne pas être rejeté(e) par mes pairs ») », explique Eva. « Il est judicieux d’admettre que des exigences élevées dans un certain domaine étaient peut-être utiles autrefois, mais que ce n’est plus le cas à l’heure actuelle. »
Comprendre d’où viennent nos attentes et nos règles nous permet non seulement d’apprendre et d’être bienveillants envers nous-mêmes, mais également d’ouvrir la porte à de nouvelles règles plus utiles et moins strictes.
2. Parlez à quelqu’un de confiance
Un moyen efficace de gérer nos attentes envers nous-mêmes et de voir les choses sous un autre angle consiste à en parler avec des amis, des proches ou des personnes de confiance. Il est fort probable que ces personnes aient vécu des situations similaires où elles étaient dures envers elles-mêmes, et leur point de vue peut vous aider à envisager la situation sous un autre angle.
« Il est normal d’être plus sévère envers nous-mêmes qu’envers les autres, mais nous n’avons pas à l’accepter si cela engendre des émotions et des pensées négatives à notre égard », rappelle Eva.
3. Adoptez une attitude positive
Outre la reconnaissance des pensées négatives à notre égard et l’élaboration de nouvelles règles plus adaptées, adopter une attitude positive est une approche puissante. Rappelez-vous chaque jour vos qualités. Pensez à les mettre par écrit : vos accomplissements, vos compétences et vos expériences réussies.
« La voix de notre critique intérieur peut être forte lorsqu’elle nous rappelle nos règles et nous juge car nous ne sommes pas à la hauteur de nos exigences élevées », souligne Eva. « Nous ne pouvons pas simplement nous débarrasser de ce critique intérieur, mais lorsque nous nous rendons compte qu’il parle plus fort et plus souvent que d’habitude, nous pouvons apprendre à lui accorder moins d’attention. »
Imaginez que votre critique intérieur est une radio que vous écoutez pendant un trajet en voiture. Vous ne pouvez pas l’éteindre car, entre-temps, vous risquez de manquer des annonces importantes concernant la circulation. Mais il peut être judicieux de baisser le volume si vous voulez vous concentrer sur une conversation avec votre voisin, ou si vous voulez penser à autre chose.
📻 Vous souhaitez en savoir plus sur cette technique radio ? Regardez cette courte vidéo.
4. Prenez soin de votre corps et de votre esprit
La bienveillance envers soi est à la base de la gestion du stress, et elle doit avoir la priorité absolue. Elle peut se pratiquer en se faisant plaisir. Il peut s’agir d’un bon bain, d’un goûter (sain, si possible) ou de prendre le temps de faire quelque chose que nous apprécions et qui nous fait du bien, suggère Eva.
En outre, la bienveillance envers notre esprit peut être étroitement liée au fait de fixer des limites et de dire « non » aux choses que nous n’avons pas envie de faire.
Essayez de prendre conscience du fait que vous passez du temps à réfléchir à vos propres performances, puis réalisez que les autres font probablement la même chose. Cela permet de relâcher la pression et de faire preuve de bienveillance envers soi-même et les autres.
5. Envisagez la situation dans son ensemble
En définitive, la conviction que vous devez réussir dans tout ce que vous entreprenez est irréaliste et peut causer plus de mal que de bien. Apprendre à remettre en question ces hypothèses lorsqu’elles commencent à être malsaines pour notre bien-être peut vous aider à les transformer en force.
Lorsque vous vous sentez dépassé(e), sortez de votre zone de confort et essayez d’avoir une vue d’ensemble. Remettez en question vos pensées : Êtes- vous sûr(e) qu’elles sont vraies ? Et, si vous avez commis des erreurs, sont-elles vraiment si répréhensibles ? Que voient les autres ? Que diriez-vous à un ami dans votre situation ?
Si vous voulez vous entraîner à avoir une meilleure conscience de vos pensées récurrentes, envisagez de pratiquer des exercices de pleine conscience visant à les observer. Cela peut vous aider à prendre conscience de ce que vous vous dites sur… vous-même !
💡 Vous souhaitez pratiquer la conscience de soi ? Jetez œil à notre vidéo guidée de 5 minutes.
Acceptez l’imperfection
La pression que nous nous imposons pour atteindre la perfection est notre critique la plus sévère. Pourtant, nous ne sommes pas faits pour être parfaits. Les êtres humains sont imparfaits, avec leurs forces et leurs faiblesses. Nous pouvons exceller dans un domaine et être médiocre dans un autre (par exemple, en ce qui me concerne, je pourrais écrire pendant des jours, mais donnez-moi un exercice de maths et je panique).
Nous pouvons nous efforcer de donner le meilleur de nous, ce qui est tout à notre honneur et nous motive souvent, mais la pression que nous nous mettons pour dépasser nos possibilités (humaines) ne fait qu’alimenter notre stress et notre insatisfaction.
Si vous n’êtes pas parfait(e) tout le temps, ce n’est pas la fin du monde. Alors, inspirez profondément et expirez toute cette pression. Une nouvelle journée vous attend, visez plutôt le progrès !