Comment identifier la sécurité psychologique sur le lieu de travail ?

20 Feb ‘23
8 min
Efficacité au travail
Judith Knuvers
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Avez-vous l’impression de pouvoir être vous-même au travail ? Êtes-vous libre de partager vos idées, en sachant que votre contribution sera appréciée ? Vous n’y pensez peut-être pas souvent, mais c’est exactement ce qu’est la sécurité psychologique : le degré auquel vous vous sentez capable d’être vous-même au travail.

 

Ces derniers mois, la sécurité psychologique est devenue un sujet d’actualité. Mais qu’entend-on exactement par là ? Et que devez-vous faire si vous constatez que votre environnement de travail n’est pas particulièrement conforme à vos attentes ?

 

Dans cet article, nous allons examiner ce qu’est la sécurité psychologique, explorer comment naviguer dans un environnement de travail psychologiquement délicat, et nous partagerons une méthode pour vous aider à déterminer le degré de sécurité psychologique sur votre lieu de travail.

 

Pas de danger à prendre des risques interpersonnels

 

Pour Amy Edmondson, professeure à Harvard, la sécurité psychologique fait référence à “la croyance qu’il n’y a pas de danger à prendre des risques interpersonnels”. Autrement dit que l’on appréciera que vous fassiez part de vos idées, questions, préoccupations et erreurs éventuelles sans crainte de jugement.

 

Repensez à une situation au travail où vos idées n’ont pas été appréciées. Comment vous êtes-vous senti·e ? Quel impact cela a-t-il eu sur votre travail ?

 

Partager des idées et poser des questions

 

“Exprimer des critiques au travail est tout à fait normal”, explique le psychologue Paul Hessels. “Tout dépend de la manière dont le feedback est donné et reçu. Votre responsable apprécie-t-il/elle que vous lui donniez du feedback ? Et recevez-vous un retour honnête, ou votre travail est-il excessivement critiqué ?”

 

“Votre sentiment de sécurité psychologique est influencé par des facteurs internes et externes, ajoute Paul. Par exemple, comment réagissez-vous aux autres ? Et comment les autres personnes vous répondent-elles ? En fin de compte, tout est une question d’interaction entre ces deux éléments.

 

Lorsque vous n’avez pas l’impression de pouvoir être vous-même au travail, cela affecte vos performances professionnelles, votre satisfaction au travail et votre bien-être. Alors, comment savoir si un environnement de travail est psychologiquement sûr ?

 

Les dimensions de la sécurité psychologique

 

Une culture de travail sûre et saine vous permet de vous épanouir. Dans leur livre, les auteurs néerlandais Joriene Beks et Hans van der Loo abordent les cinq dimensions de la sécurité psychologique, également connues sous le nom de “Big Five” :

 

  • Vous avez un sentiment d’appartenance.
  • Vous vous sentez libre d’exprimer votre opinion ou de soulever des questions et des préoccupations, et vous n’avez pas peur de faire des erreurs.
  • Vous vous sentez engagé·e et avez le sentiment d’apporter une contribution précieuse.
  • Vous avez l’impression qu’il y a de la place pour vos idées.
  • Vous êtes satisfait·e de votre travail.

 

Se sentir en sécurité au travail est important pour votre bien-être. Mais que faire si vous travaillez dans un environnement où vous ne ressentez pas la sécurité psychologique que vous attendez ?

 

 

1. Prenez conscience de votre environnement de travail

 

Il n’est pas toujours facile d’identifier un manque de sécurité psychologique, notamment parce qu’il est souvent très subtil. Cependant, il existe un certain nombre d’éléments que vous pouvez repérer. Par exemple, l’absence des dimensions mentionnées ci-dessus est un premier signal. Prenons le problème à l’envers.

 

Dans un environnement où la sécurité psychologique fait défaut, vous avez souvent l’impression qu’il est délicat de :

 

  • partager vos idées, vos questions et vos préoccupations
  • exprimer des critiques ou donner du feed-back
  • prendre des risques
  • être vous-même

 

Conseil : vous ne savez pas si votre environnement de travail est psychologiquement sûr ? “Une façon de le savoir est d’en discuter avec des personnes extérieures à votre environnement de travail”, ajoute Paul Hessels. “Parfois, un regard neuf peut aider, par exemple celui d’un·e ami·e, d’un membre de la famille ou d’un·e psychologue.”

 

2. Notez ce qui se passe

 

Si vous remarquez que vous rencontrez sans cesse certaines difficultés ou que quelque chose vous met mal à l’aise, notez-le. Ainsi, lorsque vous serez prêt·e, vous pourrez en discuter avec quelqu’un de votre entourage, par exemple votre responsable.

 

3. Ayez une conversation

 

Une fois que vous savez à quoi vous en tenir, voyez si vous pouvez discuter avec quelqu’un, par exemple votre responsable. Avez-vous remarqué que votre relation avec votre supérieur·e est l’une des choses qui vous posent problème ? Réfléchissez alors à la manière dont vous pouvez avoir une conversation ouverte à ce sujet.

 

Par exemple, avez-vous remarqué qu’on vous laisse toujours de côté lors des réunions, ou avez-vous l’impression que votre supérieur·e n’apprécie pas vos idées ? Voyez alors si vous pouvez trouver un moyen d’en parler. Qu’est-ce qui se passe ? Et comment vous sentez-vous ? Essayez de ne pointer personne du doigt, mais restez fidèle à votre propre expérience.

 

Parler à votre supérieur·e vous rend anxieux·se ? Voyez alors s’il y a quelqu’un d’autre à qui vous pouvez vous adresser à ce sujet. Vous préférez parler à quelqu’un d’extérieur à votre organisation ? Nos psychologues sont là pour vous aider.

 

4. Ecoutez

 

Lorsque vous avez une conversation, essayez de vraiment écouter l’autre personne. Il est possible que votre responsable ne soit pas conscient·e de la culture de travail en place et/ou de la façon dont il y contribue. Essayez d’être ouvert·e, d’écouter et de comprendre l’autre personne. En posant des questions ouvertes, vous pouvez comprendre le point de vue de l’autre, vous sensibiliser mutuellement et avancer ensemble.

 

Réfléchissez à ce que vous ressentez vraiment. Si vous ne vous sentez pas en mesure d’avoir cette conversation avec votre responsable ou une autre personne de votre organisation, par exemple parce que vous avez peur d’être mal compris, parlez-en d’abord à quelqu’un d’extérieur à l’organisation, comme un·e ami ou un·e psychologue.

 

5. Oser examiner votre propre comportement

 

Il n’est pas toujours facile d’assumer la responsabilité de son propre comportement, mais même s’il ne nous incombe pas de créer un environnement de travail sûr, nous pouvons toujours examiner le rôle que nous jouons. Prendre conscience de la façon dont vous contribuez à la culture de travail peut faire une (petite) différence. Si vous changez votre comportement, cela peut avoir une influence positive sur tous ceux qui vous entourent.

 

Faites le point : vous sentez-vous psychologiquement en sécurité au travail ?

Sur base d’une auto-évaluation développée par Amy Edmondson, professeur à Harvard, et des travaux sur la sécurité psychologique de Hans van der Loo et Joriene Beks, nous avons rassemblé un certain nombre de questions qui peuvent vous aider à déterminer dans quelle mesure vous vous sentez en sécurité psychologique au travail :

 

  1. Avez-vous le sentiment d’être à votre place, de pouvoir échanger des idées et de vous impliquer pour changer et innover ?
  2. Ressentez-vous une volonté saine de vous surpasser et de vraiment faire la différence ?
  3. Y a-t-il une énergie positive ? Êtes-vous satisfait·e de votre travail ?
  4. Les gens sont-ils prêts à s’entraider ?
  5. Avez-vous l’impression que vous pouvez être vous-même et que l’on vous accepte pour ce que vous êtes ?