Comment gérer son coming out en tant que LGBTQI+ au travail ?

3 Aug ‘22
6 min
Mode de vie
Confiance en soi
Efficacité au travail
Par la rédaction d'OpenUp
Relu par: psychologue Judith Klenter

Le fait d’être soi-même et de montrer sa vraie nature a un impact considérable sur la santé mentale. Pourtant, des études montrent qu’un(e) salarié(e) LGBTQIA+ sur trois ne parle pas ouvertement de son orientation sexuelle et de son identité de genre par crainte de la discrimination au travail ou d’une réduction des opportunités de carrière. 

 

Les motifs de ces inquiétudes ou hésitations varient selon les personnes et les situations, et sont tout à fait valables. Il peut être difficile de déterminer si et comment faire son « coming out » au travail. Toutefois, si la discrimination et la stigmatisation sont malheureusement toujours d’actualité, de plus en plus de personnes ne sont plus disposées à dissimuler leur véritable personnalité au travail.

 

La santé mentale et les LGBTQIA+

 

Si tout le monde est confronté de temps à autre à des problèmes de santé mentale, ces derniers sont plus fréquents chez les personnes LGBTQIA+. Cela est dû aux expériences négatives que vivent souvent les personnes LGBTQIA+ : discrimination, homophobie ou transphobie, isolement social, rejet et difficultés à faire leur « coming out ».

 

Dans l’environnement professionnel, des recherches ont révélé que le fait de faire attention à ses interactions avec ses collègues pour tenter de « passer » pour un cisgenre/hétéro est épuisant et puise de l’énergie mentale. Dans certains cas, cela peut même accroître la dysphorie de genre.

 

D’un autre côté, le fait d’accepter d’être LGBTQIA+ a un effet positif sur le bien-être mental. Cela peut augmenter la confiance en soi, créer un sentiment d’appartenance à une communauté, procurer une sensation de soulagement et améliorer les relations avec les proches, amis et collègues. C’est également l’occasion de donner l’exemple, d’encourager ses collègues à faire leur « coming out » et de créer un environnement plus sûr pour les membres LGBTQIA+.

 

Dans quel environnement travaillez-vous ?

 

Faire son « coming out » n’est pas chose facile. Vous vous demandez peut-être comment vos collègues vont réagir et s’ils vont vous traiter différemment. En outre, vous redoutez peut-être les commentaires négatifs ou les commérages au bureau. Ces considérations sont tout à fait justifiées : aux États-Unis, par exemple, plus de 40 % des travailleurs LGBTQIA+ ont déclaré avoir été victimes d’un traitement injuste au travail, tandis que plus de 36 % des employés LGBTQIA+ envisagent de quitter leur entreprise si celle-ci n’adopte pas une position ferme contre la discrimination dont est victime la communauté.

 

Si vous envisagez de faire votre « coming out », demandez-vous quelles pourraient en être les conséquences dans votre entreprise avant de franchir le pas. Les questions suivantes créées par la Human Rights Campaign peuvent vous aider :

 

  • Votre employeur dispose-t-il d’une politique de non-discrimination, et, le cas échéant, inclut-elle également l’orientation sexuelle et l’identité de genre ?

 

  • Existe-t-il un groupe de réseau LGBTQIA+ sur votre lieu de travail ?

 

  • Quel est le climat général au travail ? Quelqu’un est-il ou elle ouvertement LGBTQIA+ ?

 

  • Comment sont vos relations de travail, et discutez-vous de votre vie privée avec vos collègues ?

 

  • Une loi sur la non-discrimination est-elle en vigueur dans votre pays ?

 

 

Les avantages de faire son « coming-out » au travail

 

Après avoir évalué votre entreprise, vous aurez une idée plus précise des réactions ou des difficultés que vous êtes susceptibles de rencontrer. Gardez à l’esprit que ce processus difficile aura également des avantages à long terme. Des études montrent que les personnes LGBTQIA+ qui s’identifient comme des femmes et qui font leur « coming out » au travail sont plus heureuses dans leur carrière, et ont une opinion plus favorable de leur entreprise et de leurs dirigeants que leurs homologues qui ne se dévoilent pas.

 

Comme le souligne Judith Klenter, psychologue chez OpenUp, la création de liens et le développement des relations se font principalement par le partage de choses personnelles, comme les projets de week-end. Si vous avez l’impression de ne pas pouvoir le faire, vous risquez de vous sentir plus isolé(e) de vos collègues, alors que le fait d’être qui vous êtes et de voir qu’ils l’acceptent peut avoir un effet positif sur vos relations mutuelles.

 

Concrètement, faire son « coming out » au travail vous permet, entre autres :

 

  • de pouvoir être vous-même ;
  • de parler librement à vos collègues de votre vie privée (par exemple, les week-ends, les vacances, etc.) ;
  • d’apprécier davantage les activités sociales ;
  • de développer et d’entretenir des amitiés au travail ;
  • de ne pas avoir à faire attention à ce que vous dites ;

 

Passer à l’action

 

Si vous décidez de faire votre « coming out », il n’y a pas de formule magique, pas de mots précis à employer et surtout, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de procéder. La culture de l’entreprise joue un rôle important à cet égard, de même que la façon dont vous vous sentez à l’idée de partager cette information.

 

Une fois prêt(e), vous pouvez essayer une ou plusieurs de ces stratégies :

 

1. Identifiez votre système de soutien (amis/proches) : Qui peut vous aider pendant le processus ? À qui pouvez-vous parler et peut-être même demander conseil ?

 

2. Tâtez le terrain : Avant de faire votre « coming out », vous pouvez d’abord aborder des nouvelles ou sujets associés aux LGBTQIA+ et voir les réactions de vos collègues. Commencez par discuter de sujets associés aux LGBTQIA+ avec certains membres de votre équipe pour connaître leurs opinions et convictions.

 

3. Faites-le de manière sélective : Si vous envisagez de faire votre « coming out », il sera peut-être plus facile de commencer par des personnes qui sont elles-mêmes LGBTQIA+ ou qui soutiennent activement la communauté. Procédez par étapes, en le révélant d’abord à quelques collègues avec lesquels vous vous sentez en sécurité. Cela vous permettra de prendre le temps d’assimiler leurs réactions et de faire face vous-même à cette nouvelle situation.

 

4. Inspirez profondément ! Le « coming out » est différent pour chacun : il peut être annoncé l’air de rien au cours d’une conversation informelle (« Je vais au restaurant avec ma conjointe ce soir, elle a réservé une table dans un excellent restaurant ») ou de manière plus directe (« Je suis queer/LGBTQIA+ », « Mon pronom est iel »). Vous pouvez également demander à une personne de confiance de le faire pour vous (par exemple, un collègue dont vous êtes proche ou son supérieur). Cette solution peut s’avérer utile lorsque vous ne souhaitez pas expliquer aux autres un aspect de votre homosexualité. Toutefois, ne révélez jamais l’orientation sexuelle ou l’identité de genre de quelqu’un sans son consentement !

 

5. Discutez-en avec les RH : Cela peut être utile lorsque des changements formels sont nécessaires (par exemple, les informer de vos pronoms, d’un changement de nom ou de sexe sur votre carte d’identité).

 

Faites preuve de courage… et de fierté !

 

Pour la plupart des personnes LGBTQIA+, le « coming out » n’est pas un événement unique. Il vous appartient de choisir si vous voulez faire votre « coming out » au travail, avec qui, quand (et si) vous vous sentez prêt(e) et la façon dont vous le faites. Il est essentiel de garder à l’esprit que faire son « coming out » au travail n’est jamais une obligation, mais plutôt un choix personnel que vous faites intentionnellement si le moment et l’environnement vous semblent propices.

 

Lecture conseillé: Comment promouvoir la diversité et l’inclusion au sein de votre organisation

« Ce serait formidable qu’au sein d’une équipe, l’hétérosexualité cisgenre ne soit ni assumée, ni escomptée », explique Judith. « Pour y parvenir, vous pouvez utiliser un langage neutre, tant dans l’offre d’emploi (ce qui incitera les LGBTQIA+ à postuler) que dans les interactions quotidiennes. Par exemple, ne présumez pas des pronoms de vos collègues, posez des questions sur le partenaire d’un(e) salarié(e) plutôt que sur son mari ou sa femme, et rendez le bureau aussi accessible que possible aux collègues homosexuels.»

Si certains collaborateurs LGBTQIA+ prennent leur temps pour faire leur « coming out » au travail, d’autres peuvent choisir de ne pas le faire du tout. Que vous choisissiez de révéler votre sexualité ou non, l’essentiel est de vous sentir en sécurité, à l’aise, accepté(e) et soutenu(e) dans votre travail.

 

Vous pensez avoir besoin d’aide ? Planifiez une consultation d’introduction avec Judith ou l’un(e) de nos autres psychologues. Nous serons ravis de vous aider.